La population subsaharienne, qui va doubler, réclamera le droit de migrer, c’est-à-dire le droit à la vie car les changements climatiques vont se poursuivre
Demain, le monde sera un chaos… ou un paradis. Tout dépend uniquement de nous et de notre volonté de changer les choses. C’est ce qu’affirme, haut et fort, Sadok Ben Ammar dans le livre qu’il vient de faire paraître sous le titre de «One Message».
La ronde d’enfants souriants sur la couverture ne laisse pas présager de ces lendemains d’apocalypse que l’auteur prévoit. Et pourtant !
Sadok Ben Ammar n’est pas une pythie ni une Cassandre. Economiste, consultant, passionné d’histoire contemporaine et de littérature, son métier le mène à se déplacer souvent à travers le continent africain. Observateur aiguisé, lanceur d’alerte, il montre l’urgence d’une nouvelle approche des relations nord-sud.
«Si l’on s’en tient à ce qu’annoncent les instances internationales, des milliers de migrants ”climatiques” ne pourront plus rester dans les régions d’Afrique subsaharienne. La Banque mondiale a estimé leur chiffre à 86 millions, contraints de quitter leurs terres d’ici 2050. Ceux-ci iront vers le nord, une partie de cette poussée transitera par le Sahara, ce qui créera immanquablement des frictions aux frontières des pays du Maghreb. Aucun plan d’action n’a été, ne fût-ce, qu’esquissé à ce jour. Et si on ne fait rien, le chaos va s’installer au sud de la Méditerranée. Il suffit de voir le destin dramatique des migrants en Libye. L’Union européenne propose comme solution de créer des “centres logistiques” dans les pays du Maghreb, des camps autrement dit. Avec tous les problèmes d’insalubrité, de violence, d’insécurité que cela poserait, ce qui n’est, évidemment, pas la solution».
Face aux changements climatiques : le droit à la vie
Après avoir esquissé ce tableau noir, Sadok Ben Ammar affirme que la solution existe. Bien sûr, elle ne se trouve pas au bout d’une baguette magique. Bien sûr, elle réclame l’adhésion de tous les pays du nord et du sud de la Méditerranée. Bien sûr, d’autres y ont pensé, mais rien, à ce jour, n’a été réalisé. «Le Sahara a un potentiel énorme. Il s’agirait de sédentariser les populations qui y arrivent. Pour cela, il faut de l’eau. Elle existe, la nappe d’Albien recelant la plus grande réserve d’eau douce, toutes les études le prouvent. Il faut l’extraire, et cela aura un coût extrêmement élevé, ce qui explique que rien n’ait été entrepris dans ce sens à ce jour. Mais aujourd’hui, l’énergie solaire a un coût de plus en plus bas, et le Sahara pourrait être le plus grand fournisseur d’énergie solaire.
Cette seule alternative permettrait de fédérer les pays subsahariens, méditerranéens et européens et rendre l’espoir aux jeunes en leur offrant un avenir. Car il ne faut pas se leurrer, tout le monde est concerné. La population subsaharienne va doubler et réclamer le droit de migrer, c’est-à-dire le droit à la vie car le changement climatique va se poursuivre. Le Maghreb et l’Europe vont souffrir aussi car il n’est pas de forteresse imprenable.
«Et aucune religion au monde ne peut accepter la barbarie qui menace». La deuxième partie de ce livre est moins sombre, moins alarmiste. Elle parle de spiritualité, de refus de l’inhumain, en un mot d’espoir en l’humanité. Là est le message que promet le livre.